dimanche 19 juin 2016

31 Déc 2015
Sur le roman (Prix Goncourt) de Mathias Enard, que j'ai lu.
Mal écrit, assez banal dans son thème (encore un roman sur des thésards! ici "orientalistes", certes - et qui pourrait encore être sous-titré, comme chez Despleschin, "Ma vie sexuelle…" lamentable), mais correctement composé, nettement mélancolique et finalement assez prenant. Mineur, mais pas mal.
Je conseille de lire ce livre de manière assez soutenue - ce que j'ai fait, en une seule session - sans quoi ça se défait: comme toute l'histoire est remémorée au cours d'une nuit d'insomnie, en quelques heures, il me semble qu'il faut adopter cette temporalité, lire vite - et ne pas se laisser impressionner par le flot de références érudites (pas tant que ça en fait: en général ce qu'il dit des auteurs, allemands ou iraniens, est assez basique), qui ne sert, à mon avis, qu'à montrer à quel point ces personnages de lettrés vivent en dehors de l'histoire, dans le passé fantasmé donc fictionnel, et les entrecroisements d'imaginaires…

Un petit passage? (p.162):

"Quelle maladie de désespoir avons nous pu contracter, (…) quelle douleur, comme Lamartine au Liban, nous a secrêtement ravagés, douleur de la vision de l'Origine ou de la Fin, je n'en sais rien, la réponse n'était pas dans le désert, pas pour moi en tout cas, mon "chemin de la Mecque" était d'une autre nature…",

constate le narrateur (autrichien) en passant par Palmyre - se demandant, avec lucidité, d'où proviennent, sur l'Orient, les illusions dont se bercent les "orientalistes" - d'où leur fatale et inéluctable désillusion…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire