Soumission:
Pas lu le livre, et assez
suspicieux quant à sa qualité littéraire stricto sensu - mais ce n'est
pas cela qui compte chez Houellebecq.
Par exemple, j'ai trouvé "la Carte et le Territoire" très faible et souvent très mal écrit, même "désécrit" on dirait - et du coup je ne l'ai pas relu depuis, et pourtant nombre de passages, ou plutôt d'"images" (au sens d'instantanés) me hantent (une ancienne demeure de maître du Raincy entourée de HLM avec dealers noirs devant les grilles; un café de village disneylandisé avec la wifi pour touristes russes et chinois; un playmobil oublié qui finit quand même par pourrir après des décennies passés dehors).
Donc, je lirai quand même le livre plat, qui met les pieds dans le plat.
Le Monde aligne les critiques négatives - en soulignant que c'est son roman le plus "médiocre", et que l'auteur est "pervers"
Le Figaro aligne les critiques positives, en saluant tout ce qui est à la fois "drôle" et "bien vu".
On est donc bien ici dans des lectures politiques avant tout.
Avant de lire, mais au vu de ce qu'on sait, moi je me dis ceci.
Le dispositif de la fiction hypothétique ("what if?"…) me semble en effet à la fois drôle et pervers - et cruel sans doute pour les "humanistes de centre-gauche", sa cible apparente. L'idée, absurde, d'un président de la république islamiste (soft? dur?) propose une vraie "expérience de pensée" (comme c'est à la mode) aux éventuels et nombreux "accommodants", même ceux qui s'ignorent.
Car, si cette accession ne changeait rien du tout à la situation française, alors en soi ce dont il "faudrait" actuellement "prendre la défense" (contre "l'islamophobie", etc…) n'existe pas - et donc n'est pas à défendre.
Mais si cette accession changeait quelque chose (voir l'étendue de ce que s'autorise l'auteur…), alors en effet il faudrait dire si on serait "pour ou contre", bref jusqu'à quel point on consentirait - au risque de se trouver en contradiction avec ses propres professions de foi "tolérantes" ou relativisantes. On serait comme contraint d'essayer d'être kantien en la matière.
Au risque de se trouver piégés dans la figure assez repoussante - et/car "de droite" - des gens décrits dans l'affreux mais consensuel film "Qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu…", qui veulent bien du gendre "étranger", mais seulement "à condition que"…
Si ma lecture confirme cette intuition, si Houellebecq veut signifier aux nombreux lecteurs "centristes" qu'en fait de choix, il faudrait logiquement qu'ils optent à terme, seule option "morale", pour soit les Identitaires, soit pour Mélanchon, alors en effet ce livre est à la fois pervers, et drôle.
Par exemple, j'ai trouvé "la Carte et le Territoire" très faible et souvent très mal écrit, même "désécrit" on dirait - et du coup je ne l'ai pas relu depuis, et pourtant nombre de passages, ou plutôt d'"images" (au sens d'instantanés) me hantent (une ancienne demeure de maître du Raincy entourée de HLM avec dealers noirs devant les grilles; un café de village disneylandisé avec la wifi pour touristes russes et chinois; un playmobil oublié qui finit quand même par pourrir après des décennies passés dehors).
Donc, je lirai quand même le livre plat, qui met les pieds dans le plat.
Le Monde aligne les critiques négatives - en soulignant que c'est son roman le plus "médiocre", et que l'auteur est "pervers"
Le Figaro aligne les critiques positives, en saluant tout ce qui est à la fois "drôle" et "bien vu".
On est donc bien ici dans des lectures politiques avant tout.
Avant de lire, mais au vu de ce qu'on sait, moi je me dis ceci.
Le dispositif de la fiction hypothétique ("what if?"…) me semble en effet à la fois drôle et pervers - et cruel sans doute pour les "humanistes de centre-gauche", sa cible apparente. L'idée, absurde, d'un président de la république islamiste (soft? dur?) propose une vraie "expérience de pensée" (comme c'est à la mode) aux éventuels et nombreux "accommodants", même ceux qui s'ignorent.
Car, si cette accession ne changeait rien du tout à la situation française, alors en soi ce dont il "faudrait" actuellement "prendre la défense" (contre "l'islamophobie", etc…) n'existe pas - et donc n'est pas à défendre.
Mais si cette accession changeait quelque chose (voir l'étendue de ce que s'autorise l'auteur…), alors en effet il faudrait dire si on serait "pour ou contre", bref jusqu'à quel point on consentirait - au risque de se trouver en contradiction avec ses propres professions de foi "tolérantes" ou relativisantes. On serait comme contraint d'essayer d'être kantien en la matière.
Au risque de se trouver piégés dans la figure assez repoussante - et/car "de droite" - des gens décrits dans l'affreux mais consensuel film "Qu'est-ce que j'ai fait au bon dieu…", qui veulent bien du gendre "étranger", mais seulement "à condition que"…
Si ma lecture confirme cette intuition, si Houellebecq veut signifier aux nombreux lecteurs "centristes" qu'en fait de choix, il faudrait logiquement qu'ils optent à terme, seule option "morale", pour soit les Identitaires, soit pour Mélanchon, alors en effet ce livre est à la fois pervers, et drôle.
En effet, M. H a été plutôt
habile au journal de la 2. je ne voulais pas voir sa prestation, mais ma
femme ayant mis la télé, j'ai constaté aussi que celui-ci, aidé en cela
par un Pujadas bon serveur de soupe (et salué pour ça dans le roman,
paraît-il!), n'en démordit pas, tout en enserrant les possibles
contradicteurs dans leurs éventuelles contradictions.
Ainsi quand d'un air patelin il a affirmé que la version de l'islam de son roman ne lui semblait pas particulièrement radicale, mais plutôt modérée - ce qui d'un certain point de vue est vrai, puisque en gros elle se limite au voile - et à la polygamie. Textuellement: "Je ne crois pas que cela soit l'islam radical, je suis désolé", estimant au contraire qu'il a dépeint "une des versions les plus douces de l'islam qu'on puisse imaginer", et que sa France fictive est plus calme et en paix.
Comme je le disais plus haut, c'est de la sorte intimer à un "défenseur de la tolérance" (et de l'islam) de devoir faire le travail d'imaginer alors un islam SANS voile, ni polygamie, ni etc… Sinon, ça voudrait dire qu'il est, lui, somme toute "d'accord" avec les dispositions sociétales peu féministes du roman, c'est à dire qu'il serait misogyne - ce qui est très mal vu aussi! Et si l'on s'indigne du portrait de l'islam "le plus doux qu'on puisse imaginer", alors qu'est on, sinon… islamophobe? C'est en effet plutôt habile!
Ainsi quand d'un air patelin il a affirmé que la version de l'islam de son roman ne lui semblait pas particulièrement radicale, mais plutôt modérée - ce qui d'un certain point de vue est vrai, puisque en gros elle se limite au voile - et à la polygamie. Textuellement: "Je ne crois pas que cela soit l'islam radical, je suis désolé", estimant au contraire qu'il a dépeint "une des versions les plus douces de l'islam qu'on puisse imaginer", et que sa France fictive est plus calme et en paix.
Comme je le disais plus haut, c'est de la sorte intimer à un "défenseur de la tolérance" (et de l'islam) de devoir faire le travail d'imaginer alors un islam SANS voile, ni polygamie, ni etc… Sinon, ça voudrait dire qu'il est, lui, somme toute "d'accord" avec les dispositions sociétales peu féministes du roman, c'est à dire qu'il serait misogyne - ce qui est très mal vu aussi! Et si l'on s'indigne du portrait de l'islam "le plus doux qu'on puisse imaginer", alors qu'est on, sinon… islamophobe? C'est en effet plutôt habile!
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