dimanche 19 juin 2016

31 Déc 2015
Sur le roman (Prix Goncourt) de Mathias Enard, que j'ai lu.
Mal écrit, assez banal dans son thème (encore un roman sur des thésards! ici "orientalistes", certes - et qui pourrait encore être sous-titré, comme chez Despleschin, "Ma vie sexuelle…" lamentable), mais correctement composé, nettement mélancolique et finalement assez prenant. Mineur, mais pas mal.
Je conseille de lire ce livre de manière assez soutenue - ce que j'ai fait, en une seule session - sans quoi ça se défait: comme toute l'histoire est remémorée au cours d'une nuit d'insomnie, en quelques heures, il me semble qu'il faut adopter cette temporalité, lire vite - et ne pas se laisser impressionner par le flot de références érudites (pas tant que ça en fait: en général ce qu'il dit des auteurs, allemands ou iraniens, est assez basique), qui ne sert, à mon avis, qu'à montrer à quel point ces personnages de lettrés vivent en dehors de l'histoire, dans le passé fantasmé donc fictionnel, et les entrecroisements d'imaginaires…

Un petit passage? (p.162):

"Quelle maladie de désespoir avons nous pu contracter, (…) quelle douleur, comme Lamartine au Liban, nous a secrêtement ravagés, douleur de la vision de l'Origine ou de la Fin, je n'en sais rien, la réponse n'était pas dans le désert, pas pour moi en tout cas, mon "chemin de la Mecque" était d'une autre nature…",

constate le narrateur (autrichien) en passant par Palmyre - se demandant, avec lucidité, d'où proviennent, sur l'Orient, les illusions dont se bercent les "orientalistes" - d'où leur fatale et inéluctable désillusion…
13 Jan 2016, 19:13
Je remercie James , à l'occasion de leur commentaire sur Bowie, "hippie de droite" et individualiste décadent (ah bon!), de me faire découvrir le site de "critique communiste" de "lesmaterialistes.com", car il est à la fois admirable de logique interne cohérente et obtuse, et, bien sur, à mourir de rire!

http://lesmaterialistes.com/

Ce degré de naïveté indignée, ébahie, prudhommesque, et se voulant pédagogique, ne peut qu'être absolument concerté, dans un but à la fois sérieux et parodique, disruptif donc! C'est de l'art contemporain, ou de la blague - mais sérieuse, alors, disait Flaubert.

Les communistes et l'art, ça été le "mentir vrai", maintenant c'est bel et bien le spectaculaire intégré!

Un exemple - admirable, insondable, sic!:

"Dana Hastier, ennemie du peuple, supprime l'émission «30 millions d'amis»
On ne dira jamais assez à quel point le vote Front National est aussi l'expression d'un certain ressentiment face aux notables. Sans vouloir, pourtant, les renverser, les supprimer : l'idée est de les renouveler, de leur faire peur, en montrant qu'ils pourraient être remplacés. Cette conception fasciste ne correspond pas à notre époque et la manière avec laquelle France 3 a supprimé l'émission hebdomadaire de « 30 millions d'amis » le prouve encore une fois..."

D'autres, sur Tintin, que je trouve bien plus ingénieux, et même pertinents:

"Haddock et Céline, la dimension sociale-féodale du personnage
Cet article se concentre sur le capitaine Haddock, un personnage central dans Tintin dont les injures si caractéristiques sont directement inspirées de l'écrivain fasciste Céline..."

"Tintin contre les animaux
La cruauté envers les animaux n'est pas cantonnée aux vignettes de « Tintin au Congo ». Chacune des aventures est l'occasion de montrer la domination de l'homme européen sur la nature. Tous les livres pourraient être intitulés « Tintin contre les animaux ».

"Les femmes dans l'univers de Tintin
Les femmes sont quasiment inexistantes dans Tintin, une caractéristique qui révèle à elle seule la misogynie des albums de Tintin. La Castafiore est le seul personnage féminin qui vienne à l'esprit et cet article s'attache justement à analyser la portée idéologique de son personnage. En fait, la misogynie de Tintin est directement corrélée au catholicisme qui imprègne les histoires de Hergé. Nous verrons aussi que, dans la logique mystique (et fasciste) de Tintin, les héros masculins parviennent à découvrir les "vérités cachées" du monde alors que les femmes sont elles irrémédiablement soumises à la superstition."

Et les Schtroumphs, alors?
14 Mars 2016

"The Assassin" m'a fait penser, en film "wuxia" (de sabre chinois), à l'équivalent de Brian Eno en musique (un peu post-Satie, un peu chic-stylé), ou à de la musique minimaliste… - le principe du "less is more", du retranchement, qui dégage la matérialité de chaque note. De même que, dans le film, la princesse qui joue de la cithare ne joue pas exactement une mélodie, mais une série d'accords plaqués ou glissants, qui forment finalement, un air ou un récit, où l'important ce sont les vibrations, et les espaces de silence qui les séparent…

Beaucoup aimé. Mais… je serais tenté de dire "mais" - la dimension d'hommage (à King Hu, à la peinture chinoise…), la stylisation raffinée, l'abstraction finalement de la fable, tout cela m'a semblé un peu manquer d'intensité, d'urgence. J'avais jadis été ébloui par la somptueuse langueur, immense et douce-amère, de "Fleurs de Shanghaï", je suis juste content de ce film, qui reste en mineure, et pas touché à vif.

Quoique, cette façon de dire des grands chagrins de façon feutrée, c'est admirable quand même… Je pense que ce film peut prendre de l'importance et de la vraie profondeur quand on y repense, c'est déjà le cas pour moi.
16 Mai 2016, 08:07
Michel Houellebecq, en réponse aux critiques en imprudence ou en islamophobie faites à son "Soumission", en 2015, avait répondu: "Je ne suis pas un intellectuel. Je ne prends pas parti, je ne défends aucun régime. Je dénie toute responsabilité, je revendique l'irresponsabilité, même, carrément." L'artiste ne peut être contrôlé, moralisé, récupéré: "«Mon rôle n'est pas d'aider à la cohésion sociale. Je ne suis ni instrumentalisable, ni responsable» a-t-il ajouté juste après les attentats de Charlie Hebdo.

Les responsables socio-politiques idiots qui ont voulu instrumentaliser, récupérer Black M, en le faisant chanter à Verdun - pour faire œuvrer ses chansons à la "cohésion sociale" - auraient du méditer cela, et lire ou écouter ses paroles. Black M lui même signala, en disant qu'il allait faire un concert comme les autres (à savoir clamer du rap de la Porte de la Chapelle, communautariste, virtuose, faussement jovial, cathartique, broyage de langue d'ego et d'identité franco-africaines - et pas du catéchisme républicain) a été bêtement sincère: il se savait "irresponsable", en cela que son "art pour l'art" n'accède à une moralité fragile et réversible qu'au degré trois (voir ci dessous), puisque la matière majoritaire de ses paroles, c'est… le Mal.

Cela, Black M, ("black" pour la peau, mais aussi pour la nuit noire de la morale égarée - "M" pour "mesrimes", en écho, dit-on, à Mesrines, ennemi public n°1 & braqueur facho-libertaire mort en St Sébastien comme on sait) est en effet un héritier de Baudelaire - certes ici de rue ou de cour de récré. Il chante l'emprise du Mal, la constitution d'un Idéal frelaté, & l'aspiration tardive au Bien, mais la réaffirmation de la Révolte donc du Mal… comme voie paradoxale vers le Bien: c'est un Satan romantique (ou, comme il dit, un Sheitan, plutôt - tiens, Vincent Cassel, nommément cité comme modèle de vie et de conduite, a joué aussi bien dans "Mesrine" que dans "Sheitan"…)

"Irrécupérable", Black M l'est assez, et ce dans tous les sens possibles - même sur le plan de son intégrité ou de la "valeur" de sa musique: parce que la posture est cliché, et qu'il n'y a eu qu'un Baudelaire, on ne peut même pas dire qu'il soit, ni subversif, ni non-subversif. Peut-être est-ce là l'échec de l'artiste, mais on ne peut lui contester la création du malaise… Voyons deux chansons presque au hasard. "A force de", et "Je ne dis rien".

Dans "A force de", le chanteur dit lucidement un égarement, et même le confesse:

http://www.paroles.net/black-m/paroles-a-force-d-etre

"À force d'être dans le haram, j'ai niqué ma life
Mais, eux, ils ne le voient ap parce que, quand j'kick, ils m'acclament
À force d'être dans le haram, j'n'y vois plus que du black".

Le "haram"? Pour le musulman revendiqué qu'est Black M, c'est classiquement: la rue, la musique, la vie de boites de nuit, la boisson, voire la drogue, le donjuanisme avec les filles faciles, l'inflation de l'égo, vanité et colère, et en plus frapper sa femme et briser son couple… Mais de cette "mala vita" vient l'inspiration des chansons, l'identité de chanteur, et le succès même:

"…dans ma vie, je fais qu'du sale
À force d'être dans le haram, bah, forcement, du biff, y'en a
Et elles veulent toutes montrer leur cavu, comme cette pute de Rihanna
À force d'être dans le haram, au 'tier-quar', j''ves-qui' tous les 'res-frè'
Parce que, au lieu d'apprendre leur sourate, les petits, ils chantent tous mes refrains
À force d'être dans le haram, j'suis un mec de la night"

Ce mauvais sujet est donc le Mauvais Exemple, la part maudite de la communauté, le mouton noir, qui "esquive les frères" (les musulmans moralisateurs, donc le Bien), et ne change pas de vie, tout en y voyant un suicide - et qui corrompt la jeunesse!

"À force d'être dans le haram, j'n'ai plus aucune limite
Ne m'prenez pas pour un exemple, ouais, j'm'en branle que le petit 're-frè' m'imite

À force d'être dans le haram, Big Black M a l'plus gros des égos
J'parle en connaissance de cause, me demande pas si ça va
À force d'être dans le haram, j'vais devenir fou, oh mon dieu"

Comment peut-on vouloir faire servir cette chanson, plus verlainienne que baudelairienne peut-être, "socialement" à quoi que ce soit? Elle dit une impasse, car elle montre que vouloir vivre & être, c'est vivre le Mal même, et que le Mal séduira jusqu'à ceux qui tirent plaisir le pervers de sa (vraie-fausse) exhibition, qui est une (vraie-fausse) dénonciation… Si on en fait une chanson de repentir, c'est oublier le paradoxe du fait que Black M s'y montre à la fois perdu dans une forêt obscure, mais impénitent. Si on veut en faire une chanson sur la liberté, l'indépendance par rapport à la morale (islamique ou autre), c'est oublier que ce sont, bien sur, les "frères", ceux qui disent le "haram" et le "halal", qui ont objectivement raison, en tant que voix de la Communauté, qu'ils sont bel et bien le Bien - et que le rap, c'est le Mal, pas le Bien - même quand il est désir ou nostalgie du Bien. Et que c'est ce pour quoi les jeunes l'écoutent… pas pour commémorer, mais pour vivre la "night"…


Autre chanson: "Je ne dirai rien".

http://www.paroles.net/black-m/paroles-je-ne-dirai-rien

Ici s'ouvre un pseudo-dialogue avec une femme de la "night", critiquée pour son narcissisme, son matérialisme, son attrait pour les choses qui brillent - auquel Black M adresse, mais sous la forme perverse de la prétérition, une sorte de réprimande moralisante, comme en pourraient, pour le coup, en servir des "frères" jugeant sa vie très "haram"… Là où ça devient louche, c'est quand, ajoutant aux reproches "d'ami", Black M fait savoir, de façon socratique, que si la dame se conduit en pouffe, elle sera traité comme telle:

"Et tu m'dis : Pourquoi j'trouve pas d'mecs bien ? Pourquoi les mecs s'comportent tout comme des chiens ?
TA GUEULE ! Parce que t'es stupide
Matérialiste, cupide, stupide, stupide, stupide, stupide
Et tu te crois super intelligente et mature
Hélas, la seule raison pour laquelle on t'écoute sont tes obus
Sinon t'as pas un 06 j'crois que j'ai l'coup de foudre
Eeeuh non ! bon ok vas te faire foutre"

Cette fille intéressée ("Big Black M ! Pas du genre à se faire piquer par ta taille de guêpe Trop cash peut-être, parce que je sais qu'le mal me guette Je sais que c'est bête, mais t'es la juste parce que j'ai cé-per. Et si moi je suis un macho, dis moi toi t'es quoi?"), en fait est comme un miroir du chanteur - les damnés de la "night", de la mauvaise vie, se rassemblent, se ressemblent tous. Et de nouveau, le chanson devient le miroir de la conscience : "Les yeux plus grands que le monde" est le titre de l'album.

Tu vis dans tes idéaux donc t'as délaissée l'bac
Tu ne mérites que la Clio mais tu veux la Maybach
Tu regardes les gens de haut, les yeux plus gros qu'la black card
Carlton et les beaux tels-hô vu qu'tu sautes les étapes
Toujours une nouvelle envie chaque seconde, rien est assez bien pour oit
Faudrait qu'on t'offre les merveilles de ce monde, bien emballés dans une boite"

Syllogisme: si la fille matérialiste semi-pute est cette chercheuse "d'idéal" aux "yeux plus gros que", alors le chanteur n'est pas différent d'elle: lui aussi est, somme toute, cette prostituée affamée attiré par ce qui brille. Et ils se trouvent, dans l'enfer de la "boite", comme semblables damnés - la moralisation se situe donc au niveau deux ou trois, le stigmate du Mal englobe toute une humanité enfermée dans le faux - qui est pourtant le seul vivable. "Mon enfant, ma sœur"… Baudelaire encore, surtout dans ce poème ("Je n'ai pas pour maîtresse une lionne illustre…"):

"Pour avoir des souliers elle a vendu son âme.
Mais le bon Dieu rirait si, près de cette infâme,
Je tranchais du Tartufe et singeais la hauteur,
Moi qui vends ma pensée et qui veux être auteur."

Black M se hausse-t-il jusqu'à comprendre sa mauvaise foi, et retourner en ironie contre lui son "Je ne dirai rien", digne de Tartuffe? Je crois que oui.

D'autres, des féministes (bien sur!) pensent que non - et qu'il insulte la pauvre fille, justement parce qu'elle vient s'offrir, mais finalement ne couche pas: le double-bind du macho, qui veut des filles faciles et après se plaint de ne pas pouvoir les respecter! Le moral et l'immoral, le désir et la conscience, la halal et le haram comme double piège sans issue…

http://www.lecinemaestpolitique.fr/foru ... epugnante/

(une féministe, ci-dessus: "Je ne comprends pas que cette chanson ne soit pas plus critiquée, à chaque écoute je me sens personnellement insultée, je sens l’ensemble des femmes cherchant à exprimer leurs beautés et leurs indépendances insultées, je sens aussi des hommes ne répondant pas à ces stéréotypes machistes être insultés. Il n’y a aucun respect et plus que tous je me sens inutile et impuissante face à cette chanson qui envahi les oreilles des plus jeunes générations en pleine apprentissage des valeurs de la vie. Voilà qu’elle sera leur valeur : nous des grosses salopes, et ne nous plaignons pas de nos malheurs, c’est forcément de notre faute ! (…) On pourrait peut-être écrire en masse aux radios pour ados qui diffusent cette chanson, leur expliquer poliment ce qui nous choque et leur suggérer d’organiser un débat sur le slut-shaming et la culture du viol à une heure de grande écoute."

Ah oui, mais Black M le sait: les ados l'écoutent, et ils l'écoutent parce que ce qu'il dit, c'est en effet, en quelque point qu'on le prenne, l'absence du Bien. C'est la "Night", c'est la Réalité… C'est irrécupérable, même pas subversif, complètement commercial, comme tous les poisons modernes qui se vendent en boite… C'est pas éducatif, mais c'est éducateur, c'est Black Baudelaire frelaté, jouisseur, doloriste et pervers, débité au kilomètre - c'est le Mal.

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Cela n'avait donc rien à faire à Verdun - où il ne s'agissait pas de chanter le Mal comme condition existentielle, mais de le dépasser par le Haut. Il y fallait de la musique, sans paroles, et pas de la poésie de bastringue, pas du rap de "sheïtan" de boxon. Contresens intéressant, par ailleurs: en voulant convoquer un mini-Hugo consensuel, anti-raciste et républicain pour les "jeunes", les organisateurs se sont adressés à un "Baudelaire", certes de sous-préfecture, black & nihiliste - et ouvraient de ce fait la voie, soit à du Céline, soit au repentir au profit des Frères musulmans ou pire…

Allez, repos: si l'artiste Black M est "irrécupérable", l'individu Alpha Diallo sait quand même très bien où il (et son public) se situe : (2013) "Bon ramadan a tous les musulmans du monde entier! Pendant 1 moi m apler plus BlackM mais monsieur Diallo le villageois! Bon ramadan à tous!" - le tout main sur le Coran, photo à l'appui - Quoi? Mais alors, "BlackM" c'est juste un rôle, un costume de nuit que M. Diallo peut poser en se vouant, un mois durant, au Bien prescrit par la communauté? C'est donc que du Spectacle, tout ça, de la comédie, un satan de pacotille? Oooh, décidément, la chanson, le show-biz, c'est pas sérieux. Ou alors c'est encore de la poésie vulgarisée,devenue vieillote - Baudelaire "sataniste" catholique, Verlaine débauché bondieusard… La "poésie" non plus, pas sérieux. Reste la musique…


La musique souvent me prend comme une mer !
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther,
Je mets à la voile ;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile…



19 Mai 2016
toutes mes analyses sont invalidées, depuis que j'ai entendu cet après-midi sur France Culture des édudits apologistes du rap, dont un type directeur général de Skyrock, nous rappeler l'essentiel sur Black M: ce désormais "pur entertainer" inoffensif, aux 700000 albums (!), dont "le public est composé de jeunes filles et de familles", est plébiscité surtout par les "pré-pubères" (pas que par eux, mais en masse). BM est "une des personnalités préférées des jeunes Français". La preuve en est que dans la catégorie des artistes aimés par les… 7-14 ans, il arrive en position 5ème - palmarès publié dans… Le Journal de Mickey!!!

"Comme chaque année, Le Journal de Mickey a mené (avec Ipsos) sa grande enquête sur les personnalités préférées des 7-14 ans":

TOP 10:
N° 1 Cyprien
N° 2 Norman
N° 3 Kev Adams
N° 4 Maître Gims
N° 5 Black M
N° 6 Omar Sy
N° 7 Louane Emera
N° 8 Kendji Girac
N° 9 William Lebghil
N° 10 Stromae

http://www.franceculture.fr/emissions/d ... 9-mai-2016

https://www.journaldemickey.com/actus/e ... du-sondage

Black M n'est donc même pas un sous-Baudelaire-Rimbaud -Hugo, c'est Casimir qu'on invitait à Verdun!
Casimir ("je suis un mosntre qui fait rire!…", ou Guignol?

Analyses invalides, alors, que de mobiliser le XIXème siècle et la notion d'"Art", pour commenter ce qui est déjà bien du XXIème siècle, où la lamentation rappée du mauvais garçon "haram" mais gentil vise juste faire tripper les petits zenfants dans les langes?
Finalement, l'artiste comme saltimbanque/clown triste, pierrot tout blanc grivois & une larme au coin de l'oeil, & qui finit en peluche ou poupée dans une chambre de petite fille… ça continue à coller.
Parlons alors simplement d'une déclinaison de l'art officiel (celui adoubé par la République) vers l'infantile, l'art naïf ou brut, le musée des colonies…
lun. sept. 26, 2011 
"Chroniques oubliées"  ça marche très bien - sachant que j'ai fait jouer les 4 scénarios liés de la boite "CO" en Castles & Crusades, l'histoire, assez classique pour des adultes, a beaucoup plu aux enfants, ne serait-ce que parce que chaque épisode se passe dans un "lieu" différent (village, forêt, cimetière, château). Seule remarque: j'ai édulcoré un peu le côté "horrifique" du scénario 4 (les morts-vivants sont trop affreux!).

D'ailleurs, autant que le système, à mon avis, la question a se poser quand on veut faire jouer des gamins, c'est le degré de violence, de suspense, d'épouvante, et de "réalisme" que l'on veut mettre, en tant que MJ, pour ce public donné.
Est-ce que les gobelins vont être tranchés en deux dans une gerbe de sang, ou juste assommés par les coups de hache? Est-ce que les personnages-joueurs peuvent effectivement mourir à 0 hps, ou bien est-ce qu'ils sont juste mis hors de combat pour la scène en cours? Cela dépend de l'âge des enfants qui jouent, & de l'ambiance que l'on veut susciter: aventure périlleuse, ou merveilleux bon-enfant.

Récemment, j'ai fait jouer (toujours C&C) des enfants un peu plus grands (10 à 14 ans, des préados, & que des garçons), ayant vu les films "Seigneur des anneaux" & cie: je leur ai demandé "qu'est-ce que vous voulez, comme type d'histoire?", ils m'ont répondu "on veut massacrer des tas d'orcs", alors je leur ai fourni ça, ils étaient contents, & dans la bataille finale (qu'ils ont remporté, moi-même je n'y croyais pas, contre des hordes d'ennemis) il était convenu entre nous qu'ils étaient prêts à tomber en héros. C'était plus "tendu" & plus baston comme ambiance, que les parties avec des joueurs plus jeunes (ou avec des filles), où beaucoup de choses passent par le dialogue, & où en gros la plupart des monstres ne sont pas si méchants que ça…

ven. oct. 14, 2011 
Joué avec mon fils (9 ans) à "On Mighty Thews" - un petit scénar trouvé sur le net (écrit pour "Dungeon Squad", qui est très proche).
Il jouait une sorte de barbare, moi un sorte de voleur/mage (tout en faisant le MJ, de façon, comme toujours, impartiale & désimpliquée!).
Ben, il a détesté: "c'est trop simple"!
De la même façon qu'il a rejeté DD4: "c'est trop compliqué".
Son système de référence (& de sa sœur) reste donc: Castles & Crusades (qu'il nomme "Donjons & Dragons, le vrai")…
mer. déc. 29, 2010

Juste un petit CR-D&D Noël :

Hier après-midi, scénar en 3 heures, qui a conduit Moldok le prêtre de Kord, Arboce le barbare et Andragor le ranger-druide elfe noir, tous de niveau 5, dans le grand Nord (monde de Greyhawk: frontière du Perrenland & des terres des Nomades du Loup, précisément à Traft, puis à Ungra Balan… si si). (Euh, c'est en gros vers… B5 - 77, puisque vous le demandez instamment).

Système: Castles & Crusades (version ADD3). Module: Goodman's Games DCC n°
43, "Curse of the Barrens", présenté comme incluant: "barbarians, visions, totems, ice monsters, & creatures of the North!". Comme il fait plutôt froid ici, je me suis dit que ça ne dépayserait pas trop. Bonne ambiance, facilement transposable pour du Conan, par ailleurs, me suis-je dit.

On a vivement mené 80% de l'histoire, on aurait pu tout finir en un après-midi, mais la nuit tomba… Le point fort de cette petite session, finalement pas si "barbare" que ça, c'est que l'essentiel s'est passé en blabla & en négociations avec les barbares, & qu'il n'y a pas eu du tout de mort d'homme - vu que les persos ont bien précisé qu'ils se contentaient d'assommer, à la Astérix, les barbares irréfléchis (& cousins d'Arboce par ailleurs). Seuls un sanglier & un glouton teigneux ont été victimes de cette histoire. RIP, wolverine.

Note: grâce aux Mp3 de "cris d'animaux" sur le net, tous les bestiaux du scénar ont poussé des beuglements idoïnes, ça a bien contribué à l'ambiance. De même pour le vent du Nord, les craquements de banquise, et un occasionnel lightning bolt. Pas mal, les banques de bruitages. Sans préparation à l'avance, on trouve vite ce qu'on veut.

Un très bon moment, aussi, classique, qui a concerné le clerc: la fuite éperdue devant une grosse bébête old school - le perso s'en est sorti en sautant dans une rivière gelée - le sort de résistance contre le froid a été pour une fois bien utile!:

De retour chez les marchands de fourrures, les persos ont recruté pour retourner dans le glacier: il ont déjà engagé 5 henchmen barbares (ben oui, c'est old school, donc on a des hirelings/henchmen si on veut - autant que le charisme l'autorise), et un voleur nain (eh, c'est mon propre perso… on verra comment je vais l'inclure dans le propos).
lun. mai 04, 2009 
 je vais faire jouer le H2 sous peu - pour notre part, dès qu'on a fini "Island of the sea Drake" de chez Goodman's.
On joue DD4 avec une nette coloration "Swords & Sorcery" (facile, d'autant plus que mes joueurs n'aiment pas trop jouer des "classes à sorts"), et en mode assez "gritty". J'ai, presque depuis le début, divisé par 2 les points de vie des monstres, c'est plus rapide et brutal, comme ça nous plait - et pas trop déséquilibré. Mais je n'ai pas divisé encore ceux des persos, qui pour le moment en ont bavé assez comme ça. Ceci dit, cela change, les persos montant de niveau, et les joueurs commençant à vraiment comprendre les combos du jeu, et je me demande si ce n'est pas à envisager aussi. 
 
ven. janv. 02, 2009 
Il y a trois jours, à Paris, mes vieux joueurs parisiens ont rejeté le DD4 (niveau 2, "The Mysterious Tower", module Goodmans Games) que je leur proposais! Décidément, ils ont un problème avec le système 4e - ils trouvent que c'est "ennuyeux", surtout la magie! C'est aussi de ma faute, je leur avais fait l'article de Dragon Warriors (réédité il y a peu chez Moongoose).

Alors, on a fait le scénar introductif du livre de DW, "Darkness before dawn".
Très très old school comme ambiance! Tirage des persos en 5 mn par joueur, noms de persos rigolo-pourris (du genre "Lance de Daix" pour le chevalier, ou "Ozzie" pour le barbare celte); de mon côté, j'avais opté pour une ambiance assez "Jabberwocky", un peu misérabiliste, mortelle mais marrante: le jeu y invite un peu, le scénar aussi - qui prévoit entre autres (SPOILER, mais pas trop grave, je crois) une terrible confrontation avec un écureuil diabolique!
On découvrait le système: c'est un vrai poème! Pour l'ensemble, ça marche. Mais semble-t-il la réédition ne change pas grand chose aux règles des années 80. Et du coup, cela ressemblait beaucoup au joyeux foutoir approximatif de notre temps de AD&D. J'ai passé 10 mn à (ne pas) trouver la table des chutes de cheval, que je croyais avoir entrevue - sachant qu'il n'y a pas du tout de règles précises pour monter à cheval, hors la mention du fait que les chevaliers peuvent le faire! L'élémentaliste/druide du groupe a découvert que, à la différence du Sorcerer, il n'y avait dans sa liste aucun sort de guérison des blessures. Et le dit Sorcerer est devenu fou, de façon définititive (! il a fait 6 sur la Table de Madness!), en assistant à l'assaut de deux Chiens d'Enfer. Bonne soirée. Tout le monde a bien ri, et a globalement apprécié le système (ou son absence!), & surtout l'ambiance. Old school, donc!
Pour ma part (j'en reparlerai ailleurs), je suis très enthousisamé par l'option "médiéval réalism" à la Chivalry & Sorcery - mais j'ai déjà passé des heures sur le net à piocher des règles supplémentaires, de qualité très variable d'ailleurs, produites par les anciens joueurs. Et je trouve que, pour l'instant, les rééditeurs ont fait un travail honnête mais minimal: l'édition est superbe, fidèle sans doute à ce que les vieux fans attendaient, mais quand même, quels "trous" immenses dans les règles (équitation, bon sang!)! Un "advanced DW" s'impose! (un groupe yahoo y travaille)... Pour l'instant, j'ai un peu l'impression que les éditeurs de DW me disent: "do-it-yourself" - ça c'est très old school aussi, mais hélas j'ai pas trop le temps!