Je viens de finir de lire le petit livre de François Julien, dont je parlais ailleurs.
Son
titre complet, qui n'apparaît pas sur la couverture parce que pas vendeur et
que ça ne sonnait pas assez "multicul", en fait, est : "Il n'y a pas
d'identité culturelle - mais nous défendons les ressources d'une culture". Ce qui change un peu les choses.
Le
propos est un peu inégal, mais intéressant: à la fois bien pensant,
voire gnan-gnan (éloge de l'Andalousie et du parler "jeune" vivifiant
(!), emploi du terme bateau: "vivre ensemble"…), mais en fait assez
subtil (ré-étymologisation de cette expression, rappel qu'il n'y a de
dialogue et de vitalité que dans "l'écart"), et parfois conservateur
(ré-enseigner le grec et le latin, faire lire Molière et Pascal à
l'école, refuser le règne mou de la "tolérance").
Plaidoyer
général pour la circulation, la comparaison (pas le "clash", mais plutôt
le réexamen de soi à la lumière de l'autre), la traduction, et la
promotion des "ressources" - nées et grandies dans un "paysage" -
linguistiques, artistiques, "d'art de vivre et de mœurs", qui seules
permettent "l'intégration".
Chaque nouvel apport, souvent
critique, étant une occasion de mieux lire et apprécier, dans
"l'écart",ce qui a précédé: Rimbaud réactive La Fontaine, la surréalisme
questionne Descartes…
Si on cesse d'entretenir ces "ressources",
par exemple "l'élégance" française, alors on sombre dans le vulgaire
(la télé-réalité), ou dans l'uniformisation du "globish" (critique du
succès mondial de "Harry Potter", un peu injuste à mon sens).
Sur
le plan anthropologicopolitique, des remarques théoriques (de la
"tension" entre prétention (occidentale) à l'universel et singularité
émerge la possibilité d'un "sujet"), des choses déjà dites (par Valéry:
l'occident, c'est la Grèce, Rome et la Christ - la science, la loi, la
foi - etc…), mais débouchant sur la constatation que, hélas, "l'Europe a
été défaite" dès lors qu'on a renoncé à rédiger un préambule à sa
Constitution - qui aurait du mentionner ses "ressources" ET chrétiennes
ET rationalistes, puisque l'intérêt de l'Europe moderne n'est que dans
la "tension" et "l'écart" productif entre ces pôles.
Intéressant au total.
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